Le Dictionnaire de Poésie de Baudelaire à Nos Jours,
de, Michel Jarrety
Éblouissement ou blessure, telles sont les sources de toute poésie essentielle : cri ou célébration, ou pensée pure. La souffrance peut naître du trop de beauté, ce qui dévoile l'un des sens du vers fameux de Rilke : «Tout Ange est terrible. » La tentation de celui qui crée, s'il n'y résiste, mène à s'enivrer de sa douleur, ou de la beauté qui s'éloigne à mesure qu'il s'en approche. II se doit de lutter avec ce qui l'attire et, s'il ne se dédoublait en maître et serviteur de son art, le déposséderait de son oeuvre même.
Il demeure assez rare qu'un tel combat se joue si nettement dans les premiers livres, qu'il se joue à visière levée, sans tirer honte ni gloire du sang versé, mêlé au vinum amoris. Paul Le Jéloux me parait à ce titre au moins un poète exemplaire en quête d'un langage. La déchirure, ni l'amour, c'est-à-dire l'affirmation de l'être, ne font le lit d'aucune complaisance.
La vie se rit de moi
et je m'appuie à ma misère
comme à de bonnes béquilles.
L'exigence, du poète patient qu'est Paul Le Jéloux
s'applique à l'élan aussi bien qu'au travail, au doute
comme à la soif de dire...
Propos & Détours, Poésie 91, Ed. Obsidiane, 1990
Articles du journal Le Monde "Le Vin D'Amour"
Le Choix de Claude-Michel Cluny, POÉSIE
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